16 September 2022

Les montages de chaussures

      

  Il existe de nombreuses méthodes de montage pour la construction d’un soulier. Nous allons dans cet article détailler plusieurs d’entre elles et prendrons soin, pour chaque construction présentée, d’en avancer les avantages et les inconvénients.

Une rapide définition

On entend par montage d’un soulier la technique permettant de solidariser la semelle avec le reste de la chaussure. Le montage influe sur la longévité de la chaussure, mais aussi son étanchéité, le confort et bien entendu, le style. On en distingue deux principales catégories, le montage dit cousu et le montage dit soudé.

Ce dernier repose sur des techniques de collage. Même s'il faut reconnaitre qu'aujourd'hui les colles utilisées sont de plus en plus résistantes, ce type de montage offre toutefois une longévité plus courte au soulier, notamment à cause d'une moins bonne résistance ainsi que la difficulté de procéder à un ressemelage. Nous nous concentrons donc ici sur les montages cousus, et plus particulièrement sur les méthodes industrielles les plus courants, c'est-à-dire celles réalisés avec l'aide de machines, et non pas exclusivement à la force des mains. 

L'anatomie du soulier

              Un soulier est composé de différents éléments, certains visibles, d'autres non mais dont la qualité est tout à fait importante car elle vient avoir un impact décisif sur la posture. Comme le disait François-Henri Désérable, "il ne faut que deux choses dans la vie : de bonnes chaussures et un bon lit. On passe deux tiers de son temps dans les unes, un tiers dans l'autre." Il est en effet ici important de respecter au mieux l’anatomie du pied.

Les spécialistes le disent également, l’explosion des sneakers depuis plusieurs années a amené une multitude de problèmes liés notamment à la posture (mal de dos, problème aux genoux pour ne citer qu'eux). Ceci s’explique en partie par le fait que la plupart de ces sneakers sont montées sur des semelles plates, ne respectant pas la courbure naturelle de la voûte plantaire et ainsi, modifiant l’angle des articulations. Si nous prenons l'exemple de la couche de liège que l'on retrouve sur notre montage Goodyear, elle saura s’adapter à votre morphologie au fil des ports tout en vous apportant le maintien nécessaire pour une bonne posture. Les différents composants ont donc chacun leur importance.

La tige - Il s'agit de la partie extérieure du soulier, composée généralement d'une pièce de cuir dans laquelle on distingue les parties suivantes : l'empeigne, allant de la pointe au cou-de-pied (cf. bout & claque sur le schéma), les quartiers qui représentent les parties latérales du soulier et le contrefort, situé à l'arrière et destiné à consolider le talon.

• La doublure - Située à l'intérieure de la tige, elle est en contact direct avec le pied et a vocation à renforcer la peausserie.

• La semelle d'usure - Partie directement en contact avec le sol, il s'agit de la semelle extérieure. Elle peut être en cuir ou en gomme.

• La semelle intérieure - Elle est composée d'une première de montage en cuir sur laquelle est solidarisé un mur en tissu. Une première de propreté vient la recouvrir. C'est sur celle-ci que le pied vient reposer.

Le montage est donc la technique selon laquelle la tige est assemblée à ces différents éléments, notamment et principalement à la (ou les) semelle(s). Pour ce faire, la tige de la chaussure est disposée sur une forme, puis les éléments sont assemblés suivant un procédé de fabrication variant d'un montage à l'autre. C'est sur ce dernier point que nous allons nous arrêter aujourd'hui.  

Le Blake

              Ce montage tire son nom de la machine utilisée pour réaliser la couture, du nom de son inventeur, l'américain Lyman Reed Blake. Construction simple, il consiste en une couture unique liant à la fois la première de montage, la semelle d’usure et la tige du soulier. Il s'agit donc de l'application industrielle (car réalisée par une machine et non à la main) du cousu de dehors en dedans.

Le Blake se distingue ainsi par la finesse permise par sa mono-couture, qui l'exempte de points supplémentaires sur les bords extérieurs du soulier. La semelle en est alors plus légère et plus fine que d'autres, lui permettant une forme plus élancée. Cela lui permet également de gagner en souplesse.

Ce montage est toutefois souvent décrié pour la difficulté à être ressemelé. La semelle d'usure et la tige doivent en effet être décousues puis recousues ensemble. Sauf à repasser par les exacts premiers points de couture, ce qui demande une grande dextérité - mais ce qui n’est pas en soi impossible, la nouvelle couture va venir fragiliser la semelle car de nouveaux trous vont donc être faits.

Enfin, on note que les points de couture étant situés sous la première de propreté, ils peuvent se faire ressentir sous le pied et créer un léger inconfort selon la sensibilité de chacun.

Le Blake rapid

              Comparativement au montage Blake, on ajoute ici une semelle intermédiaire, coincée entre la première de montage et la semelle d’usure. On vient donc assembler la tige, la première de montage et la semelle intermédiaire à l’aide d’une première couture (couture Blake) puis on vient lier la semelle intermédiaire à la semelle d’usure par une couture petits points, réalisée à la machine “rapid”.

Ce montage est donc plus robuste que le montage Blake classique et offre un ressemelage facilité grâce à la semelle intermédiaire, qui renforce également l’imperméabilité du soulier. Il reste toutefois souple et léger.

Le Goodyear

              Il s’agit d’un cousu trépointe réalisé de façon industrielle. Une fois encore, ce montage tire donc son nom de la machine à partir duquel il est réalisé, la machine Goodyear (du nom de son inventeur, le fils de l'inventeur du caoutchouc vulcanisé et des pneus Goodyear, Charles Goodyear Jr).

La présence de la trépointe vient rendre ce montage plus robuste ainsi que plus imperméable. Ces différentes couches font en effet une chaussure plus étanche et donc plus résistante, lui permettant une meilleure longévité dans le temps.

À contrario, si cela permet une semelle plus épaisse et donc plus solide, cette dernière est de facto moins souple et nécessitera alors plusieurs ports pour se faire parfaitement au pied.

Sa durabilité découle également du fait que ce montage permet plus facilement un ressemelage. En effet, la semelle d'usure étant cousue à l'extérieur du soulier, il n’y à qu’à découdre et recoudre la trépointe, sans toucher à la tige.

Cette méthode de montage est utilisée sur la majeure partie de notre collection car c’est l’une des plus polyvalentes, à la fois robuste, imperméable, élégante et facile d’entretien.

Le Stormwelt

              Également appelé "cousu bourrelet", ou « trépointe bourrelet », il s'agit d'une variante du cousu Goodyear. La trépointe est fendue pour prendre la forme d’un Y. Un premier côté de ce Y servira à lier la première de montage à la trépointe et à la tige, et l’autre viendra se coller sur l’extérieur de la tige. Cette variante est donc encore plus imperméable.  

Le Norvégien

              Le cousu Norvégien est un montage très robuste et quasiment étanche, généralement destiné à des souliers plus décontractés comme des boots ou des derbys. Originellement conçu pour des chaussures de travail intensif comme les travaux agricoles ou réalisés dans des conditions extrêmes, il s'agit d'un montage à double couture, tout comme le Goodyear, mais qui ont la particularité d'être visibles.

Une première couture vient lier la tige et la trépointe à la première de montage. C’est cette couture que l’on appelle la norvégienne. La tige est alors tournée vers l’extérieur de la chaussure tout comme la trépointe qui est à l’extérieur. La deuxième couture petits points vient lier la trépointe à la semelle d’usure.

Ce montage est souvent considéré comme le plus imperméable. Sa robustesse n'est également plus à démontrer. Nous l'avons ainsi naturellement choisi pour certains de nos modèles Hiver.

Le Bolognese

              C'est un montage qui partage avec le cousu Blake une couture traversant la semelle et la tige. Il n'y a toutefois ici pas de première de montage. C'est donc la tige et sa doublure qui font tout le tour du pied. Cela permet notamment une plus grande souplesse, qui permet un plus grand confort immédiat sans avoir besoin de ne faire la chaussure pendant trop longtemps.

Le Sandalette

              La tige est rabattue vers l'extérieur, sur la première de montage. Sont alors cousus ensemble la tige, la première et la semelle d’usure avec une couture en point de chaînette. Cela permet notamment une plus grande souplesse, même si cela peut permettre plus facilement une déformation de la chaussure. On le retrouve classiquement sur les Safari Boots ou encore les Chukka Boots.

Pour conclure

Nous souhaiterons ici éviter l'écueil qui serait de désigner en conclusion un de ces montages comme meilleur que les autres. Il nous semblerait en effet erroné de se cantonner à un seul montage. Les constructions que nous avons évoquées ont toutes leur propre type d'utilisation, qui varie selon le maintien ou encore le design souhaité. Par ailleurs, il nous semble important ici de souligner que plus qu'un type d'assemblage, c'est la réalisation dans les règles de l'art de ce dernier qui doit être privilégiée. Il nous semble peu opportun de vouloir à tout prix un montage si ce dernier est mal réalisé. 

Nous proposons ainsi une grande partie de notre collection montée sur un cousu Goodyear. Son ressemelage plus évident ainsi que son meilleur maintien nous séduisent tout autant que son design à la semelle dépassant, caractéristique de l'école anglaise à laquelle nous adhérons. 

Nous sommes également à l'aise de proposer le montage Blake, notamment sur nos mocassins d'été, car sa souplesse s'y prête bien ou encore le montage Norvégien sur nos modèles Hiver pour son impermabilité.

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